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Du Royal-Deux-Ponts au 99° régiment d'infanterie

Mémoire

Le 31 mai 1997, le 99e RI, appelé familièrement « neuf-neuf », ou encore « régiment de Lyon », disparaissait de l’ordre de bataille de l’armée de terre, après 240 années d’existence. De la royauté à la cinquième république, du Royal-Deux-Ponts au 99e RI, il avait combattu dans toute l’Europe, aux Etats-Unis, en Afrique du Nord, au Mexique, participé aux deux guerres mondiales et assuré des missions de sécurité au Liban et en Nouvelle-Calédonie ! Un tel parcours, qui se confond avec l’histoire de la France, ne peut se résumer en une seule page et l’historique qui suit est forcément réducteur !

LE ROYAL-DEUX-PONTS

Aux termes d’un accord conclu entre Louis XV et Christian IV, signé le 7 avril 1756, le duc de Zweibrücken (Christian IV) s’engage à lever un « corps de deux mille hommes d’infanterie », contre-partie d’une rente annuelle de 80 000 florins. Dix mois plus tard, l’ordonnance royale du 19 février 1757 officialise la création d’un « Régiment d’infanterie allemande », sous la dénomination de Royal-Deux-Ponts, avec effet au 1er avril 1757.

C’est le début d’un cycle qui conduit le tout nouveau régiment à participer quelques mois plus tard à la guerre de Sept Ans. Le 27 mars 1780, il est désigné pour faire partie du corps expéditionnaire de six mille hommes qui, sous les ordres du comte de Rochambeau, a mission de venir en aide aux Américains qui luttent pour leur indépendance. Le 4 avril 1780, il s’embarque à Brest pour arriver trois mois plus tard à Newport, au nord de New-York. Commandé par le comte de Forbach des Deux-Ponts, le régiment est composé à 60 % de sujets allemands et à 40 % d’Alsaciens-Lorrains. La brigade franco-allemande avant l’heure ! Dans la nuit du 14 au 15 octobre 1781, les grenadiers du Royal-Deux-Ponts jouent un rôle déterminant dans la conquête de la redoute n° 9, clé de voûte du système défensif anglais de Yorktown (Virginie). La capitulation est signée le 19 octobre. Acteur décisif de la bataille, le régiment quitte les Etats-Unis en juillet 1783, couvert d’honneurs et de gloire.

LE 99ème REGIMENT D’INFANTERIE

Le 1er janvier 1791, sur décision de l’Assemblée Constituante, il perd son identité royale pour se transformer en 99e régiment d’infanterie de ligne. Le 21 juillet, il intègre l’armée française, abandonnant ainsi son statut de régiment étranger. C’est le début d’un nouveau cycle au cours duquel le régiment s’illustre sous différentes appellations : 99e régiment d’infanterie de ligne, 99e demi-brigade de bataille, 24e demi-brigade légère, 24e régiment d’infanterie légère, 99e de ligne. Cette période, qui s’étale de 1791 à 1882, est jalonnée de nombreuses batailles : Valmy, Fleurus, Marengo, Austerlitz, Eylau, Wagram, la Moskowa et bien d’autres encore. Il participe à la conquête de l’Algérie de 1855 à 1859. Désigné pour faire partie de l’expédition du Mexique, il y fait campagne de février 1862 à décembre 1864. Il se distingue à Aculcingo et au Cerro del Borrego, exploits qui valent à son drapeau d’être décoré de la Croix de la Légion d’honneur. Ce cycle se termine par la campagne contre l’Allemagne. Il participe à la bataille de Reichshoffen le 6 août 1870 ainsi qu’à celle de Sedan le 1er septembre.

En 1882, il perd son appellation « de Ligne » pour devenir, tout simplement, le 99e régiment d’infanterie. Le 6 août 1914, il quitte Lyon et Vienne pour les Vosges. Dès le 15, il reçoit le baptême du feu. La Somme, la Champagne, Verdun, le Chemin des Dames, le Mont Kemmel, la montagne de Reims, l’Aisne, sont autant de noms qui rappellent les hauts-faits du régiment pendant la première guerre mondiale. Il est de retour à Lyon et Vienne en septembre 1919. Régiment d’infanterie alpine en 1927, il intègre le secteur fortifié de Savoie et la Haute Maurienne devient son « jardin ». En septembre 1939, il fait partie de la 28e D.I.A., en couverture face à l’Italie. En Alsace du Nord de novembre 1939 à début avril 1940, puis au repos dans la région de Poligny (Jura), il se retrouve sur le Chemin des Dames à partir du 18 mai 1940, vingt-trois ans après ses anciens ! Le régiment est dissous quelques semaines plus tard pour renaître en décembre 1944 sur le front des Alpes.

De 1945 à 1968, son existence est pleine d’incertitudes. Tantôt régiment, tantôt bataillon, il fournit en juin 1954 l’essentiel des effectifs du 25e BCP, nouvellement créé pour la campagne de Tunisie. En novembre 1954, il met sur pied un bataillon de marche, le 99e BMIA, qui part aussitôt en Algérie. En août et septembre 1955, ce dernier effectue un court séjour au Maroc. Le 1er octobre, il prend l’appellation 15e BCA. Cette dernière date marque la fin de la présence du numéro 99 en Afrique du Nord. Dès lors, le « neuf-neuf » de métropole voit son activité réduite à l’instruction des recrues pour l’Algérie et au soutien de la VIIIe Région Militaire.

Le 1er octobre 1968, il change une dernière fois de nom pour redevenir le 99e régiment d’infanterie (99e RI). Il perd son rattachement aux troupes de montagne. En 1978, il met sur pied un régiment de réserve, le 299e régiment d’infanterie. De 1982 à 1986, il fournit plusieurs détachements pour le Liban. La Bosnie, en 1992-93, constitue son dernier théâtre d’opérations. Le régiment est dissous fin mai 1997, victime de la réduction du format de l’armée de terre et de la professionnalisation des armées. Il était à Lyon depuis 1854.
Son drapeau porte les inscriptions suivantes : VALMY 1792 - MARENGO 1800 - WAGRAM 1809 - LA MOSKOWA 1812 - ACULCINGO 1862 - CHAMPAGNE 1915 - VERDUN 1916 - LA MALMAISON 1917 - RESISTANCE AIN-JURA 1944.  

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