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1914-1918 Lyon et les combattants italiens en France

Mémoire

1918, médaille italienne inter-allié de la victoire Croix italienne du mérite de guerre, 1918

Les premiers combattants italiens sur le sol français

Lorsque fin juillet 1914 parut en France le décret de mobilisation contre l’Allemagne, de nombreux étrangers de tous pays résidant sur le territoire voulurent combattre pour la cause de la liberté. Ce furent les colonies italiennes de Paris qui ont été en pointe du mouvement. Plus de 3.000 des leurs voulaient la création d’une légion garibaldienne avec le port de la célèbre chemise rouge. Mais cela n’était pas possible au plan diplomatique car l’Italie était encore neutre. La seule solution possible fut donc l’engagement dans les rangs de la Légion étrangère pour la durée de la guerre : au 1er janvier 1915, 4.913 Italiens s’étaient déjà engagés.

Guiseppe Garibaldi (1807-0882), né français à Nice Les 6 petits-fils Garibaldi: Bruno(sous-lieutenant), Costante(adjudant-chef), Ezio(adjudant), Riciotti(capitaine), Peppino(lieutenant-colonel), Sante(lieutenant)

Le 1er Etranger forma alors 4 régiments de marche dont le 4e était composé exclusivement d’Italiens surnommés « les garibaldiens » [1], car il était commandé par le lieutenant-colonel Peppino Garibaldi, l’un des 6 fils du général italien Riciotti Garibaldi qui étaient aussi les petits-fils du célèbre Guiseppe Garibaldi venu combattre en France avec ses volontaires lors de la guerre de 1870-1871 et nommé citoyen d’honneur de la ville de Lyon [2] Les cinq autres petits-fils firent aussi partie de ce 4e régiment de marche. Deux furent tués à l’ennemi en Argonne, le lieutenant Bruno Garibaldi le 26 décembre 1914 au Bois de Bollante et l’adjudant-chef Costante Garibaldi le 6 janvier 1915. Le lieutenant-colonel Peppino Garibaldi pour annoncer à leur mère la mort de son fils Bruno lui adressa le message suivant : « Bruno Garibaldi mort suivant les traditions de la famille. »

Apprenant la mort de ce fils, son père le général Ricciotti Garibaldi déclara : « Un de mes enfants est tombé ; il en reste cinq et, après eux, le vieux chef de la 4e brigade »

Plaque apposée sur le mur de l’école rue des Rancy face à la place des martyrs de la Résistance située dans le 3e arrondissement de Lyon.

En raison de la déclaration de guerre de l’Italie à l’Autriche-Hongrie le 23 mai 1915, le gouvernement français autorisa les Italiens engagés volontaires pour la durée de la guerre à retourner dans leur pays.

Plaque apposée sur le mur de l'école rue des Rancy face à la place des martyrs de la Résistance située dans le 3e arrondissement de Lyon. Mairie du 6ème arrondissement, rue de Sèze à Lyon

Un corps d’armée italien en France en 1918

Après la déclaration de guerre entre l’Italie et l’Allemagne le 25 août 1916, des unités des armées alliées étant venues renforcer l’armée italienne en 1917, le gouvernement italien proposa à son tour à la France le 6 avril 1918 d’envoyer des troupes sur le front français de l’Est. Le 2e corps d’armée italien, composé des 3e et 8e divisions d’infanterie italiennes aux ordres du général Albricci fut désigné pour cette mission et inclus dans la 5e Armée française commandée par le général Berthelot.

L’état-major de ce corps expéditionnaire italien en France fut installé du 1er mai 1918 au 31 décembre 1919 à Lyon dans la mairie du 6e arrondissement. Dès son arrivée le 2e corps d’armée occupa sur le front une large brèche dont le centre était Chateau-Thierry et qui s’étendait entre Reims et Soissons. Devant l’imminence de l’attaque allemande, cette première ligne devait être défendue à tout prix. La bataille intense dura du 15 au 24 juillet et les pertes du corps d’armée italienne furent de 9.334 morts et blessés. Le général Berthelot mit à la disposition du général Albricci la 14e division française.

Mais malgré une violente préparation d’artillerie avec des gaz de combat les 3 divisions allemandes dont une prussienne et une bavaroise échouèrent dans leur attaque et le commandement allemand ordonna à ses troupes de se replier.

Les soldats italiens inhumés à Lyon et à Villeurbanne

Les annexes figurant dans la convention relative aux sépultures de guerre signée le 2 décembre 1970 entre la France et l’Italie donnent 68 tombes italiennes pour Lyon-la Guillotière et 66 pour Lyon-la-Doua.

Dans le nouveau cimetière de la Guillotière de Lyon

Carré italien Plaque commémorative

Le carré des militaires italiens est situé dans l’emplacement L5 du cimetière. Le monument du souvenir qui domine ce carré a été inauguré en 1925 et porte à sa base une inscription en italien gravée dans la pierre dont la traduction en français est la suivante : « La colonie italienne de Lyon avec le généreux concours de l’association des soyeux de Milan a érigé ce monument pour perpétuer la mémoire des soldats d’Italie tombés en terre de France pour la plus sainte des causes et pour rappeler aux générations futures que l’Italie et la France ont connu ensemble souffrances, larmes et gloire. 1915-1918. » [3] Sur la grille entourant le monument sont fixées 144 plaques en bronze portant les noms de gradés et de soldats italiens morts au combat sur le sol français. Les 71 tombes avec des croix se trouvant sur le terre-plein du monument sont celles de soldats italiens blessés au combat et décédés dans des ambulances lyonnaises (50 en 1918, 20 en 1919 et 1 en 1921) Chaque année au mois de novembre, une cérémonie commémorative a lieu devant ce monument.

Dans la nécropole militaire de la Doua à Villeurbanne

Vue aérienne de la nécropole militaire de la Doua à Villeurbanne La nécropole nationale de la Doua a été inaugurée en 1954, d’une superficie de 86.500 m2, elle est située sur un ancien terrain militaire. Le gestionnaire du site est la direction interdépartementale des anciens combattants. On dénombre, combattants français ou étrangers, les tombes de 3.622 de la première guerre mondiale et de 2.723 de la seconde guerre mondiale. Dans le carré D où sont situés les tombes des combattants étrangers, se trouvent celles des Italiens dont les croix portent une petite plaque aux couleurs du drapeau italien, 66 [4] de ces croix portent des noms et 14 seulement l’inscription « In mémoriam » .

Vue aérienne de la nécropole militaire de la Doua à Villeurbanne Croix portant une plaque aux couleurs du drapeau italien

BIBLIOGRAPHIE :
Histoire de France par Henri Martin

L’Illustration 1914-1918

La France héroïque et ses Alliés 1914-1918. Larousse.

La Légion en 14-18 de Pierre Dufour La 2e bataille de la Marne Bligny - Juillet 1918 le 2e corps d’armée italien par Guiseppe Beccari
Dépliant du pôle Mémoire et Patrimoine du Territoire sud-est (SGA)

NOTES:
[1] Le chant des garibaldiens composé par Libere Novio : « Si mon enfant partait demain Il ne verra pas pleurer son enfantine Moi-même je mettrai entre ses mains Une fleur rouge et sa carabine Il me dira avec ses yeux sincères Je vais mourir pour mes frères.
(Refrain) Rentrez, rentrez, Rentrez mon Garibaldi ! La chemise rouge Belle et sainte nous protégera Bruno, Costante et puis Mille, mille héros morts Crient : Liberté ! »

[2] La 2e plus grande artère de Lyon qui s’appelait rue Sainte Elizabeth fut rebaptisée rue Garibaldi.

[3] Les deux dates 1915-1918 permettent de penser que ce monument fut non seulement érigé à la mémoire des soldats d’Italie tombés au combat en 1918 au sein du 2e corps d’armée italien, mais aussi à celle de ceux tués dans les rangs de la Légion étrangère en France

[4] Le nombre des tombes identifiées correspond à celui de la convention franco-italienne de 1970

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